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Ces extraits, citations ou extraits de l'auteur, pourront vous paraître un peu "désordre"...
Ils vous donneront, je l'espère, le goût de lire le livre de Didier LONG pour qui
"nous sommes des juifs, devenus citoyens grecs ou romains convertis au christianisme"...



Pourquoi la vie plutôt que "rien" ?


Il ne faut pas écouter les gens qui nous conseillent, sous prétexte que nous sommes des hommes, de ne songer qu'aux choses humaines et, sous prétexte que nous sommes mortels, de renoncer aux choses immortelles.
Mais dans la mesure du possible, nous devons nous rendre immortels et tout faire pour vivre conformément à la partie la plus excellente de nous-mêmes, car le principe divin, si faible qu'il soit par ses dimensions, l'emporte, et de beaucoup, sur tout autre chose par sa puissance et par sa valeur.
                                                                                                    Aristote (IVème siècle avant J.-C.)



Nous sommes dans l'acédie...
Ce qui me frappe, en observant les hommes et les femmes autour de moi, que ce soit dans mon environnement professionnel ou privé, en regardant les informations, en suivant l'état du monde, c'est que cette acédie semble généralisée : panne du désir, angoisse, perte du goût de l'existence, dilution du lien social, de l'envie de vivre ensemble, impression de ne plus faire partie de rien.
Notre civilisation à son zénith est dans l'acédie.
[...]
Être dans l'acédie, c'est avoir le sentiment que l'on n'est pas, ou plus, au cœur de l'action. Comme si la vraie vie était ailleurs et nous échappait à mesure que nous la cherchons.


C'est ainsi, par un beau matin de printemps, que j'ai été foudroyé par l'une de ces images qui reviennent au moment où l'on s'y attend le moins, et avec une netteté saisissante.
Celle de frère Chrisostome me disant d'une voix douce :
"Mon frère Marc, si nous voyons loin, c'est parce que nous sommes des nains... montés sur les épaules des géants" ; et devant mon air perplexe il a ajouté :
"Sans le désir, l'amour et l'enseignement de ceux qui nous ont précédés, nous ne sommes rien."


Tout sous le soleil prend fin, rouille, blanchit sous le harnais.
Il n'est rien qui ne naisse dans ce monde qui ne soit déjà condamné.
D'une certaine manière nous marchons toujours au milieu des ruines des civilisations qui nous ont précédés.
Commencer à vivre c'est déjà se rapprocher de sa fin.
Naître c'est devenir mortel.
[...]
Comme si, dès l'origine, la pulsion de vie et la pulsion de mort étaient mélangées
en une inextricable alchimie du désir.


N'avons-nous pas en effet du mal à accepter les situations telles qu'elles sont et non telles que nous les rêvons ?
Au lieu de nous lamenter dans la nostalgie de nos désirs déçus, sommes-nous prêts à regarder le monde tel qu'il est ?
Un monde où l'on meurt.
[...]
Dans nos rares moments de lucidité, où nous acceptons enfin la mort, au moins un peu, nous goûtons la beauté autour de nous, les êtres nous semblent lumineux, embarqués dans la même aventure, "sur le même bateau que nous", et nous savons à ce moment-là que nous sommes libres.


Au début, l'homme s'aime lui-même pour lui-même ; car il est chair et ne prend goût à rien qui le dépasse.
Puis il constate qu'il ne peut subsister par soi seul ; il commence alors à chercher Dieu par la foi et à l'aimer, comprenant qu'il lui est nécessaire.
Dans ce second degré, il aime donc Dieu par amour de soi et non par amour de lui.
Cependant, une fois que, par intérêt, il a commencé à le vénérer et à s'approcher de lui par la pensée, la lecture, l'oraison et l'obéissance, il entre en quelque sorte dans sa familiarité : peu à peu, insensiblement, Dieu se fait connaître et, en conséquence, communique la douceur de sa présence ; mais en goûtant ainsi au plaisir d'approcher Dieu, on passe au troisième degré, qui consiste à ne plus aimer Dieu pour soi, mais pour lui-même.
Il est vrai que l'on demeure longtemps à ce stade, et je ne sais trop si un homme a jamais pu atteindre en cette vie au quatrième degré, celui où l'on parvient à ne plus s'aimer soi-même que pour l'amour de Dieu.                                                                                                     Bernard de Clairvaux, "traité de l'amour de Dieu"



Dans notre vie monastique, comme dans le monde médiéval, chacun avait un rôle précis. Plus que le partage du travail, ce qui est important, c'est le sentiment d'appartenance très fort que confère le travail en commun.
Œuvrer pour la communauté c'est en faire partie.
Ce que déplorent ceux qui ont vécu dans le monde ancien pas si lointain où on était "marié à vie avec son entreprise". Ils ont maintenant cette impression de ne plus faire partie de rien, de réduire le travail à une fonction, que l'entreprise n'est plus un lieu de cohésion sociale. [...]
cette idée du travail humain poursuivant l'œuvre de création de Dieu est spécifiquement juive et chrétienne. C'est un point de vue très original, qui diffère totalement de le conception du travail dans d'autres cultures.


Deux choses me remplissent d'une joie éternellement renouvelée,
la présence de la voûte céleste au-dessus de ma tête
et la présence de la loi morale en moi.
                                        Kant, "Critique de la raison pratique" (phrase gravée sur sa tombe)



Le plus difficile est de vivre avec soi-même. Habiltare secum, disaient les anciens moines. Mais en même temps, c'est le plus facile puisque cela n'engage que nous.
Bienvenue chez vous !
Il nous faut accepter de renoncer à toutes ces préoccupations qui nous donnent l'impression d'exister, qui nous gonflent d'importance. Accepter d'oublier cet homme, cette femme très importante que nous croyons être. Abandonner un moment ces gadgets et ces programmes qui nous maintiennent à la superficie de nous-mêmes en nous faisant croire que ces vies sont les nôtres.
Ou bien encore pardonner, accueillir cette personne écrasée par la vie que nous sommes et lui donner sa chance.
Comment ?
Il suffit d'accepter de nous retirer de la vie ne serait-ce que quelques minutes par jour pour savoir qui nous sommes...

...avec le temps, j'ai acquis une seule certitude. Cette parole qui nous précède et nous pousse dans l'existence, cette parole qui nous relève de toutes nos morts, cette parole que nous possédons et qui fait sortir de l'acédie, cette parole est une parole d'amour.
Ce qui est vrai de nous est vrai des civilisations. La parole est la trame invisible de notre désir. Elle habite notre civilisation et toutes nos civilisations humaines. Appelez-la Dieu ou rien, ça n'a aucune importance.

Je suis maintenant persuadé que notre civilisation ne pourra se relever que par une renaissance spirituelle personnelle et collective dont nous ne connaissons pas encore le visage.
Sinon, cette civilisation sera remplacée par de plus fortes qu'elle, au mieux plus humaines, au pire plus violentes.
C'est cela ou sans doute la fin.


Le cœur de l'homme n'est pas fait pour l'acédie.
Il a été créé pour la fête !


Lien avec soi-même, lien avec les autres, lien avec la nature.
Voici nos trois piliers spirituels.
Ceux-ci forment les civilisations.
Ils assurent leur survie, celle de l'espèce humaine sur cette Terre.


Pour apporter des réponses satisfaisantes à toutes nos questions, pour assurer notre survie en tant que civilisation mais aussi en tant qu'espèce, nous devons donc replacer l'homme au cœur de toute chose. Cette tradition humaniste considère que l'homme, chacun de nous, est une fenêtre sur l'absolu et que notre destin commun sur cette planète est sacré.


Extraits tirés du livre de Didier LONG :
"Pourquoi nous sommes chrétiens"


voir aussi la règle d'or