De retour en métropole, et
après digestion de la réadaptation à l'ordinaire -un plat plutôt consistant et
lourd-, nous retrouvons, oh joie, le rythme trépidant d'un home sweet home avec son flux Internet
en particulier (vive l'ADSL qui n'a pas encore atteint le département du 976) -là-bas, c'est
"vole vole"- .
Nous étions bien de l'autre côté de l'équateur, affrontant
les rigueurs d'un hiver très relatif ici : lever du soleil un peu avant 6h, coucher vers 18h, 28° à
l'ombre et fraîcheur la nuit (23° environ) avec un petit souffle et quelques nuages... L'hiver quoi !
Remember...
C'est l'heure de la prière musulmane amplifiée par haut-parleurs
depuis la mosquée, comme c'est d'usage dans tous les villages, cinq fois par jour : c'est la France, quoi!
Au menu, riz, bananes bouillies, manioc, poisson, sans oublier le royal mataba préparé par la reine en la
matière : Adidja , la voisine épicière avec qui nous avons engagé des échanges
alimentaires variés... Ah oui, j'oubliais : ici, on se tutoie et on se salue dans la rue... Des plus anciens
aux plus jeunes, et on se prend en stop aussi facilement qu'on se téléphone en métropole. A part
cela, la vie est ordinaire : on a assisté à la ponte d'une tortue sur la plage, le "tombant" regorge de
poissons multicolores que même Pierrette est allée admirer, les roussettes, nombreuses, s'égaient
le soir en sortant des baobabs, une voiture sur 3 a perdu un feu ou une vitre, la gendarmerie s'en fout d'ailleurs et
quelques 4X4 rutilants se partagent la route avec les voitures ordinaires, c'est à dire virant sur le tas de
ferraille ambulant... Conduire ici n'a rien à voir avec le respect du code ou des panneaux : c'est d'abord
éviter le trou (j'ai dit TROU) le camion arrêté dans le virage (le chauffeur est monté sur
le toit pour cueillir quelques fruits), le zébu qui traverse nonchalamment la chaussée, traînant
derrière lui une longue corde sous le regard (lointain) de son maître, allongé dans le fossé
ou les gamins, surtout le soir, qui jouent n'importe où, normal, on leur a appris à faire attention à
la mer mais on ne peut pas tout leur apprendre quand même... Et quant on sait que c'est une île aux enfants,
ici...
Allez, on vous quitte : on va faire un vule sur la plage (comme on dirait un barbecue chez nous)
souvent entre m'zugus (métropolitains)... Dure vie d'oisiveté sous l'autre latitude... En
restera-t-il quelque chose à la fin du mois ? Un air de lenteur à la senteur d'ylang-ylang, une main
levée pour faire du stop et le sourire, toujours.... Les tissus multicolores portés très
élégamment par les femmes ou étalés un peu partout lors de la lessive du dimanche...
L'odeur des brochetties...
Le ciel est noir, après avoir rougeoyé magistralement. Il est 19h,
et nous sommes attendus au "Soleil couchant", le resto local de Boueni...
Entre rêve et
réalité, un lambeau maorais flotte, accroché à nos souvenirs, au petit vent d'alizé
de notre reconnaissance envers Jean-rem's lequel aura ouvert ses vieux parents à plus large qu'eux-mêmes...
De ce lambeau reste, parmi d'autres, un fil bien réel, une sorte de détachement, chère
à Einstein : la relativité de nos activités, engagements et occupations diverses, au regard du temps
qui passe et de la vie du monde...
Kwaheri à tous et à chacun. Pierrette et Bernard
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